A Mahou, un village de Dassa II (situé au centre du Bénin), la croissance de plusieurs dizaines d’enfants était hypothéquée par la malnutrition. Grâce au Projet de nutrition et de développement de la petite enfance démarré depuis 2019, ces enfants bénéficient de services de base contribuant au développement de la région.
Félicienne HOUESSOU
La malnutrition chronique constitue un problème persistant qui affecte les jeunes enfants au Bénin. Elle représente, selon l’Unicef, 45% de tous les décès d’enfants par an chez les enfants de moins de 5 ans. La malnutrition constitue ainsi le plus grand facteur de risque de mortalité et de morbidité chez les jeunes enfants. Les solutions communautaires sont initiées pour remédier de façon durable à ce phénomène. La situation des enfants de Mahou est la preuve palpable des dégâts de la malnutrition sur la petite enfance. « Deux cas d’enfants malnutris ont été retrouvés ici à Mahou. Le premier étant un cas sévère, l’enfant est décédé. Nous avons pu récupérer le second enfant grâce aux soins suivis au Centre hospitalier départemental (CHD) Goho », témoigne une assistante nutrition de la région. Ainsi, le Projet de nutrition et de développement de la petite enfance au Bénin à travers ses actions change peu à peu le calvaire des enfants de cette région. Selon l’assistante en nutrition, les activités effectuées pour la prévention de la malnutrition sont entre autres : les séances de démonstration culinaire ; le suivi et la promotion de la croissance des enfants de 0 à 23 mois ; les séances de communication pour un changement de comportement ; l’installation des structures faîtières dont les groupes d’assistance en nutrition et le comité de surveillance alimentaire et nutritionnelle. Dans le village, le projet intervient dans 83 ménages. Au total, 86 parents sont suivis avec 136 enfants de 0 à 5 ans. Le chef du village Mahou, Hougnibo Enock, assure que ce projet a permis aux ménages de développer de bonnes habitudes culinaires afin de servir aux enfants, des repas équilibrés. « Avant l’arrivée du projet, les enfants avaient de petits soucis de santé qu’on ne comprenait pas. Mais, avec l’assistance des spécialistes, nous avons compris beaucoup de choses », indique-t-il.
Améliorer un certain nombre d’interventions
Financé par la Banque mondiale, le projet cible les jeunes enfants au Bénin, n’ayant pas accès aux services de développement de base. L’ambition est d’améliorer la prestation des interventions et des services de nutrition précoce et de développement de l’enfance dans des zones ciblées des communes bénéficiaires. Pour cela, la Coordonnatrice régionale Zou-Collines du Conseil de l’alimentation et de la nutrition (Can), Mireille Houensou, souligne que le projet s’articule autour de deux composantes : le soutien aux institutions, afin de coordonner la mise en œuvre des interventions en matière de nutrition et de développement de la petite enfance, et un appui aux communautés, afin d’améliorer la prestation de l’ensemble de services au niveau communautaire.
Le maire de la commune de Dassa, Nicaise Fagnon, promet intensifier les sensibilisations car le programme de nutrition joue un rôle déterminant dans le développement de l’enfant. « Nous comptons aussi réaliser le château d’eau parce que lorsqu’on parle de nutrition, il est aussi important d’avoir de l’eau potable », rassure-t-il. A terme, davantage d’enfants auront accès à des services sociaux et nutritionnels de qualité, ce qui contribuera au développement des régions ciblées. Ce Projet de nutrition et de développement de la petite enfance concerne 48 communes du pays. Il fait appel à des activités d’éveil et d’apprentissage précoces ainsi qu’à l’éducation parentale pour favoriser un bon développement des jeunes enfants. Il apporte également une aide aux programmes d’alimentation dans les écoles primaires de 12 communes et contribue à l’amélioration de l’harmonisation des politiques et de la coordination intersectorielle, ainsi qu’à une meilleure gestion de la gouvernance décentralisée dans la totalité des 77 communes du pays.