Le nombre de jeunes en Afrique (entre 15 et 24 ans), qui est actuellement estimé à plus de 200 millions, devrait doubler d’ici 2050. Cependant, il semblerait que leur contribution à l’économie des pays est insignifiante faute de manque d’opportunités, en dépit des promesses électorales de toutes sortes faites par leurs dirigeants. Exaspérés par leurs conditions de vie qui ne font que se détériorer au jour le jour, certains tentent l’impossible – traverser la Méditerranée ou l’Atlantique – pour s’installer au « paradis » (l’Europe), tandis que d’autres embrassent le crime. En Afrique du Sud, le pays le plus industrialisé d’Afrique, le taux de chômage des jeunes (61%) est l’un des plus élevés au monde. Un avenir brisé ?
Issa DA SILVA SIKITI
« En Afrique, les jeunes sont confrontés à une multitude de défis. Du chômage élevé aux diverses formes de pauvreté, en passant par les inégalités en matière d’éducation, le manque d’accès aux programmes de mentorat et bien d’autres encore, tout cela constitue de nombreux obstacles qui les empêchent d’améliorer leur vie », souligne une tribune non signée et publiée sur le site de la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA).
Bernadette, diplômée sans-emploi devenue vendeuse au marché Dantokpa, fustige les mensonges des politiciens du continent. « Tous les dirigeants qui se succèdent à la tête des pays ne manquent pas de mentionner l’emploi des jeunes dans leurs discours, une mention qui, au fil du temps, se vaporise dans le néant parce que ce n’était qu’un ‘’fake news’’. Ce sont des gens de mauvaise foi. Regardez-moi maintenant, où suis-je ? Nulle part car mon avenir est brisé ».
Hervé, un jeune togolais vivant à Cotonou, également diplômé sans-emploi, a déclaré qu’il travaillait quelque part contre sa volonté. « Je n’ai pas le choix, vaut mieux ça que rien. Entretemps, je fais de petites économies afin de voyager en Algérie, où j’espère trouver un bon boulot qui va me permettre de traverser la mer. Togo, Bénin, c’est la même chose. J’ai 26 ans mais mon avenir est sombre. L’Afrique est un continent de décideurs inconscients et corrompus », fustige-t-il.
Aucun progrès
La tribune de la DBSA renchérit : « Bien que l’emploi des jeunes soit au cœur des préoccupations nationales et internationales en matière de développement, aucun progrès significatif n’a été réalisé. L’écart entre le nombre de jeunes à la recherche d’un emploi et les opportunités d’emploi qui leur sont offertes ne cesse de se creuser. En outre, il existe un décalage entre les besoins des employeurs et les compétences des jeunes entrant sur le marché du travail. Paradoxalement, de nombreux diplômés occupent des emplois subalternes qui ne sont en aucun cas liés à leur diplôme en raison de l’absence d’opportunités dans les domaines d’études qu’ils ont choisis ».
Cette tribune ajoute que ces facteurs entraînent des difficultés supplémentaires sur le marché du travail et empêchent les jeunes de devenir des participants actifs au développement et à la croissance socio-économiques.
En juin 2024, un haut dirigeant du Forum économique mondial (WEF), Chido Munyati, a appelé les gouvernements et le secteur privé à agir vite afin de combler l’écart entre l’augmentation de la population en âge de travailler et la croissance de l’emploi. « Investissez dans le capital humain, y compris l’éducation et les compétences exigées dans les secteurs qui améliorent la croissance ». L’avenir est incertain pour la jeunesse africaine