Dans un contexte marqué par la hausse des taux d’intérêt et des besoins de financement croissants des États, la stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT) est devenue essentielle pour les pays de l’UEMOA afin de concilier coûts et risques. En tant qu’entité responsable du principal marché d’émission de titres publics dans cette zone d’intégration, UMOA-Titres a, le mardi 11 juin 2024, renforcé les capacités des acteurs sur les leviers permettant d’assurer une gestion saine de la dette.
S.T.
Alors que les inquiétudes concernant l’endettement public des États membres de l’UEMOA se multiplient, l’agence UMOA-Titres se distingue comme un acteur clé pour l’assistance et le conseil aux États dans la gestion optimale de leur dette. Lors d’un webinaire tenu le 11 juin sur la « stratégie de gestion de la dette à moyen terme (SDMT) », Arouna Sow, macroéconomiste, a exposé devant plus de 100 participants les différentes stratégies mises en œuvre par l’agence pour maintenir une dette saine dans la sous-région. Selon lui, cette stratégie permet de structurer le portefeuille de la dette des États en équilibrant coûts et risques sur une période de trois à cinq ans. « La gestion de la dette publique consiste à établir et à mettre en œuvre une stratégie pour mobiliser les financements nécessaires à moindre coût tout en maintenant un niveau de risque prudent », a expliqué Arouna Sow. Il a également souligné que cette approche vise à stimuler le développement d’un marché efficace des titres publics. Dans un contexte économique marqué par des incertitudes et des risques accrus, la gestion efficace de la dette publique est cruciale pour les États membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). A en croire le communicateur, UMOA-Titres, responsable du marché des titres publics, joue un rôle central en soutenant ces États dans l’élaboration et la mise en œuvre de la SDMT. Lors de sa présentation, il a détaillé le processus de création de la SDMT dans la zone UMOA, en mettant en lumière son utilité pour « gérer efficacement les risques liés au portefeuille de la dette ». Il a décrit les principales étapes de ce processus : l’analyse du portefeuille existant, la définition des orientations et des objectifs de la SDMT, son application, et son impact sur le marché des titres publics. L’analyse du portefeuille de la dette est essentielle pour identifier la composition optimale et les stratégies adaptées. « L’objectif est de mobiliser les financements nécessaires au coût le plus bas, tout en respectant un niveau de risque acceptable », a-t-il précisé.
Des mesures pour atténuer les risques
Pour atténuer les risques, diverses mesures peuvent être adoptées, et plusieurs d’entre elles sont couramment employées par les émetteurs dans la sous-région. Sow souligne qu’en ce qui concerne le risque de refinancement, « des opérations de gestion active de la dette, telles que le rachat anticipé de dettes non échues, peuvent être envisagées ». En ce qui concerne le risque de taux, il recommande de prolonger les échéances et d’utiliser des instruments dérivés, tels que les swaps de taux. Pour gérer le risque de change, il est conseillé d’emprunter dans la devise principale des recettes d’exportation et d’utiliser des swaps de devises. Par ailleurs, les États disposent de plusieurs sources de financement, y compris les prêts multilatéraux et bilatéraux, les crédits commerciaux, ainsi que les émissions sur les marchés internationaux et domestiques. Le macroéconomiste d’UMOA-Titres rappelle que « la diversification des sources de financement contribue à réduire le risque de change et à compenser un accès limité aux financements externes ». L’opérationnalisation de la Stratégie de Gestion de la Dette à Moyen Terme (SDMT) nécessite l’établissement de cibles à moyen terme pour une gestion efficace de la dette publique. Un exemple illustre que « l’accroissement de la dette extérieure et la mobilisation des ressources concessionnelles peuvent contribuer à améliorer le profil de la dette ».
La transparence comme outil de crédibilité
Dans l’optique d’améliorer la mise en œuvre des SDMT, le développement du marché des titres publics (MTP) dans la zone UEMOA est indispensable, démontre l’économiste. Un MTP performant permet de diversifier les sources de financement de la dette, réduire le risque de change et compenser l’accès limité aux financements extérieurs. Il a indiqué que UMOA-Titres encourage, par exemple, les Etats à publier des calendriers d’émission, à fournir des informations régulières sur leur situation économique et financière, et à privilégier les émissions par adjudication pour renforcer la crédibilité et la transparence du processus. « La transparence dans la publication périodique des informations économiques et financières de l’Etat renforce la confiance des investisseurs », a fait savoir Arouna Sow. De plus, l’organisation offre des sessions de formation et des séminaires pour renforcer les capacités techniques des gestionnaires de la dette. Le webinaire a également été l’occasion pour l’entité créée par la BCEAO de mettre en lumière les défis et perspectives de la gestion de la dette publique dans la région, surtout dans une conjoncture marquée par le resserrement des conditions monétaires. Le présentateur a appelé au renforcement des Comités nationaux de la dette publique (CNDP) qui, selon lui, sont essentiels pour coordonner les politiques d’endettement avec les politiques budgétaires et monétaires.