La corruption mine la capacité de l’État à promouvoir une croissance économique qui profite à tous les citoyens, martèlent d’emblée Vitor Gaspar, Paolo Mauro et Paulo Medas, trois haut cadres et experts du Fonds monétaire international (FMI) dans un blog. En Afrique, un continent riche en ressources naturelles où la notion d’intérêt personnel prime sur l’intérêt général, la corruption a laissé des traces de dégâts matériels et humains très graves à tel point que les services de base offerts aux populations sont soit médiocres, soit inexistants.
Issa DA SILVA SIKITI
A en croire le PNUD, à travers le monde, plus de la moitié de tous les cas de corruption sont liés aux dépenses publiques. « Sur les quelque 13 000 milliards de dollars déboursés par les gouvernements en dépenses publiques, jusqu’à 25% sont perdus à cause de la corruption », déplore cette agence de l’ONU basée à New York, sur sa plateforme Medium.
Vitor Gaspar, Paolo Mauro et Paulo Medas soulignent que l’abus d’une charge publique à des fins personnelles érode la confiance du public envers l’État et les institutions, réduit l’efficacité et l’équité des politiques publiques et détourne de l’argent du contribuable destiné aux écoles, aux routes et aux hôpitaux. « Nous avons analysé plus de 180 pays et avons constaté que les pays les plus corrompus perçoivent moins d’impôts, car les contribuables paient des commissions illicites pour s’y soustraire, profitant notamment d’échappatoires fiscales conçues en échange de pots-de-vin. En outre, lorsque les contribuables pensent que leurs dirigeants sont corrompus, ils sont plus susceptibles de pratiquer la fraude fiscale ».
Impunité, clé du problème
Les africains sont habitués aux discours de leurs dirigeants politiques qui, dès qu’ils entrent en fonction, font des discours élogieux qui promettent de faire le combat contre la corruption leur cheval de bataille. « Malheureusement, dès que le pouvoir commence à les aveugler et à les rendre ivres, soit ils deviennent eux-mêmes corrompus ou soit ferment les yeux au cas où leurs amis ou les membres de leurs familles sont impliqués dans les affaires de corruption. Cela démontre que l’impunité est la vraie source du progrès de la corruption en Afrique », regrette Annie, étudiante à l’université.
Certains observateurs pensent que l’existence d’une justice des vainqueurs et des riches dans bon nombre de pays africains constitue également un frein majeur pour mener efficacement le combat contre la corruption. « Là où la corruption est la norme, les personnes vulnérables ont un accès restreint à la justice tandis que les riches et les puissants s’emparent de l’ensemble du système judiciaire, au détriment du bien commun », affirme une source citée par le site « le 360 Afrique ».
« C’est normal que les juges acquittent les riches et les hommes puissants dans les affaires de corruption car le montant de pots-de-vin qu’on leur propose est énorme. Ce qui veut dire que la corruption en Afrique va continuer à déstabiliser nos sociétés jusqu’à la fin des temps », s’offusque Alain, membre d’une organisation de la société civile.
Le PNUD avertit : « La corruption mine la stabilité des sociétés, porte atteinte à la démocratie et met en péril le développement social, économique et politique, en particulier lorsque ses auteurs semblent agir en toute impunité ».