Transparency International a rendu public le 30 janvier 2024, son rapport de 2023 sur l’Indice de perception de la corruption en Afrique. Selon le rapport de 2023, avec un score de 43 points sur 100, le Bénin se classe à la 70è place au niveau mondial sur un total de 180 pays et territoires.
A.W.A.
En 2022, le Bénin a occupé la 72è place pour ce même score (43/100) selon le rapport de Transparency International. Le Bénin est en tête du classement dans l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Il est suivi respectivement du Burkina Faso, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, le Niger, le Togo, le Mali, et la Guinée Bissau. Au niveau africain en 2023, le Bénin est 8ème ex aequo avec le Sénégal, le Ghana et l’Afrique du Sud sur l’Indice de Perception de la Corruption (IPC). En tête du classement dans la région, viennent les Seychelles (score IPC : 71) ; le Cap-Vert (64) et le Botswana (59). La Guinée équatoriale (17), le Soudan du Sud (13) et la Somalie (11) obtiennent les résultats les plus faibles, sans aucun signe d’amélioration. L’analyse du rapport montre que l’indicateur État de droit révèle une détérioration globale du fonctionnement des systèmes judiciaires. Les pays qui obtiennent les scores les plus bas sur cet indicateur obtiennent également des scores très bas sur l’IPC. Ceci met en évidence un lien manifeste entre l’accès à la justice et la corruption.
Quelques recommandations
Transparency International appelle les gouvernements à donner aux systèmes judiciaires l’indépendance, les ressources et la transparence nécessaires pour punir efficacement tous les délits de corruption et assurer l’équilibre entre les instances au pouvoir. Au besoin, ils doivent également mettre en place de meilleures procédures et lois pour aider les institutions judiciaires à se protéger contre les actes de corruption et à les cibler.
Des explications ont été données par les responsables de Transparency International sur le rapport de 2023. Selon François Valérian, président de Transparency International, « La corruption aura de beaux jours devant elle tant que les systèmes judiciaires ne pourront pas sanctionner les actes répréhensibles et maintenir les gouvernements sous contrôle. Lorsque la justice est achetée ou fait l’objet d’ingérences politiques, c’est le peuple qui en pâtit. Les dirigeants doivent investir sans retenue dans les institutions chargées de faire respecter la loi et de lutter contre la corruption, et garantir leur indépendance. Il est temps de mettre fin à l’impunité dont jouit la corruption ».
Daniel Eriksson, Directeur général de Transparency International, ajoute : « La corruption aggrave l’injustice sociale et affecte de manière disproportionnée les plus vulnérables. Dans de nombreux pays, les victimes de la corruption se heurtent encore à des obstacles qui les empêchent d’obtenir justice. Il est temps de faire tomber ces obstacles et de faire en sorte que les gens puissent accéder à la justice de manière efficace. Tout le monde mérite un système juridique équitable et inclusif au sein duquel la voix des victimes est entendue à chaque étape. Tout système qui ne l’est pas constitue un affront à la justice. »
Bref aperçu du rapport de 2023
L’IPC classe 180 pays et territoires en fonction de la perception du niveau de corruption au sein de leur secteur public sur une échelle de zéro (forte corruption) à 100 (aucune corruption). 23 pays obtiennent cette année le plus mauvais score de leur histoire. On compte parmi eux, des démocraties de premier plan comme l’Islande (72), les Pays-Bas (79), la Suède (82) et le Royaume-Uni (71) ainsi que des États autoritaires comme l’Iran (24), la Russie (26), le Tadjikistan (20) et le Venezuela (13). Depuis 2018, 12 pays ont vu leur score de l’IPC baisser de manière significative. Parmi eux, des pays à revenu faible ou intermédiaire tels que le Salvador (31), le Honduras (23), le Liberia (25), le Myanmar (20), le Nicaragua (17), le Sri Lanka (34) et le Venezuela (13), ainsi que des économies à revenu intermédiaire supérieur ou à revenu élevé telles que l’Argentine (37), l’Autriche (71), la Pologne (54), la Turquie (34) et le Royaume-Uni (71). Huit pays ont amélioré leur score de l’IPC au cours de la même période : l’Irlande (77), la Corée du Sud (63), l’Arménie (47), le Vietnam (41), les Maldives (39), la Moldavie (42), l’Angola (33) et l’Ouzbékistan (33).
L’Afrique connaît une variété de cas de corruption et de problèmes connexes au sein des systèmes judiciaires. Par exemple, il est fait état de cas de corruption, d’extorsion et d’ingérence politique dans les systèmes judiciaires dans des pays tels que le Nigéria (25). Au Burundi (20), des magistrats ont été emprisonnés, et en République démocratique du Congo (20), des affaires portées devant les tribunaux n’ont pas fait l’objet d’une enquête efficace. Depuis sa création en 1995, l’Indice de perception de la corruption est devenu le principal indicateur de la corruption dans le secteur public au niveau mondial. Il classe 180 pays et territoires du monde entier en fonction de la perception de la corruption dans le secteur public, à l’aide de données provenant de 13 sources externes dont la Banque mondiale, le Forum économique mondial, des sociétés privées de conseil et de gestion des risques, des groupes de réflexion, et d’autres sources. Les scores attribués reflètent les points de vue des experts et de personnalités du monde des affaires, et non celui du public.