- De solides bonds réalisés en 10 ans d’exercices
Après cinq (05) éditions réussies, dont les conclusions auront contribué à la consolidation du marché régional de la dette souveraine, les « Rencontres du Marché des Titres Publics (REMTP), 6ème édition, se sont ouvertes, mardi 23 janvier 2024 à Cotonou. Mobilisant différents acteurs et partenaires de l’écosystème financier régional, ce rendez-vous annuel met le focus sur les axes de réformes pour un meilleur développement du Marché obligataire dans l’Union.
Sylvestre TCHOMAKOU
Au cœur du financement des économies de l’Union monétaire ouest-africaines (UMOA), l’agence UMOA-Titres aura eu, en 10 ans d’exercice, le mérite d’avoir contribué significativement au financement des économies de la zone UMOA. En chiffres, opérationnelle depuis 2013 l’institution a réussi à porter l’encours de la dette de 2.272 milliards FCFA par an (en 2013) à 7.194 milliards FCFA émis en 2023. Pour la dernière année, cela correspond à 150 émissions pour les 08 Etats, soit une hausse de 37% des émissions entre 2022 et 2023. Au bout de 10 années de vie, le marché des Titres publics a, par ailleurs, multiplié par près de trois (03) fois l’encours de dette par adjudication des Etats membres pour le porter à 14.571 milliards FCFA, permettant également d’augmenter le dynamisme du marché secondaire avec un taux de cotation moyen de près de 13% par an. Sur l’année 2023, le marché secondaire a enregistré, pour sa part, 2.073 milliards FCFA de transactions. Quoique salvateur, ce bilan, au regard de l’immensité des défis pour l’ensemble des économies de l’Union, se doit d’être consolidé pour garantir la durabilité du marché régional de la dette souveraine. C’est dans cet esprit que se tient à Cotonou, les 6èmes Rencontres du Marché des Titres Publics (REMTP). Placée sous la thématique générale « Développement du marché obligataire en zone UMOA », ce rendez-vous qui prend date pour la première fois à Cotonou, revêt, à en croire le Directeur de UMOA-Titres, Oulimata Ndiaye Diasse, un caractère important en ce sens qu’il permettra de « faire un diagnostic complet du marché des titres publics et d’élaborer des propositions concrètes pour son approfondissement».
Des bonds, mais…
Pour la patronne de l’agence, bien que les 10 dernières années aient été témoins de : l’automatisation du processus des adjudications de Titres publics, l’amélioration de la standardisation des titres émis, la mise en place d’un système de spécialistes des valeurs du Trésor, la mise en œuvre de la gestion active de la dette pour les émetteurs, l’annotation financière en monnaie locale, la certification financière, et bien d’autres, « le marché des titres publics affiche encore de nombreuses faiblesses structurelles qui doivent être adressées pour permettre d’atteindre les meilleurs standards en matière de marché obligataire ». Portée donc par une vision de durabilité du marché régional obligataire, UMOA-Titres entend, à travers cette rencontre, entend discuter avec les émetteurs, les investisseurs, les professionnels du métier, les universitaires, etc. autour des indispensables actions à mener en vue de son développement. Saisissant l’occasion des 6èmes REMTP, elle a exprimé sa reconnaissance au Ministre de l’économie et des finances du Bénin, Romuald Wadagni pour sa conviction quant à l’importance d’avoir un marché financier régional profond et résilient pour accompagner le développement des économies de la zone.
Des avancées saluées par le Bénin
Procédant au lancement de la 6ème édition des REMPT, Alban Bessan, Secrétaire général du Ministre de l’économie et des finances (MEF), a, au nom du Ministre d’Etat Romuald Wadagni, salué l’UMOA-Titres qui, depuis 10 ans, œuvre pour un marché domestique des titres publics efficient, et au service du développement des économies de l’Uemoa. Tout en appréciant l’encours de la dette émise par voie d’adjudication, de 2.675 milliards FCFA en 2013 à 14.571 milliards FCFA en 2023, il a déclaré que « ce marché occupe désormais une place importante dans les sources de financement de l’Union ». Toutefois, il n’a pas passé sous silence l’encours du marché (UMOA-Titres) rapporté au PIB qui n’est que de 12% contre près de 40% au niveau des marchés émergents. Evoquant les défis à relever, « la base « investisseur » reste dominée par les institutions bancaires qui détiennent environ 90 % de l’encours de la dette par l’adjudication. La part des investisseurs institutionnels ne représente que 9%. Tandis que celle des investisseurs internationaux est estimée à environ 1% » sur le marché régional. Ce qui est faible par rapport à d’autres pays d’Afrique dont le Ghana, le Kenya et le Nigéria où la part des investisseurs institutionnels représente respectivement 25%, 30% et plus de 50% des titres en circulation. Les investisseurs internationaux détiennent entre 15 et 25% des titres en circulation pour ces pays. « Dès lors, l’élargissement et la diversification de la base investisseur de notre marché demeure un enjeu crucial », a exhorté Alban Bessan.
Pour ce rendez-vous annuel qui s’étend sur deux (02) jours, des panels ont été enregistrés au titre de la première journée, à savoir : « Bilan de l’activité du Marché des Titres Publics sur l’année 2023 » ; « Quelles solutions pour la dynamisation du marché secondaire ? » ; « Quels leviers pour réaliser la consolidation budgétaire dans la zone Uemoa ? » ; « Obligations thématiques : quel potentiel pour les Etats dans la zone Uemoa ? », etc.