« L’exportation des produits à haute valeur ajoutée est l’autoroute de la prospérité »
Quoique nouvelle dans le monde industriel, la Zone industrielle de Glo-Djigbé-Zè (GDIZ), de par son modèle, continue d’être citée en exemple par les pays en développement. Dans une interview qu’il a accordée à « Financial Afrik », le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina, est revenu sur l’originalité de cette entreprise pour le continent.
Sylvestre TCHOMAKOU
Mise en place il y a seulement deux (02) ans, grâce aux multiples facilités, avantages et impacts qu’elle exerce déjà sur l’économie béninoise et les perspectives de développement, la Zone industrielle de Glo-Djigbé-Zè (GDIZ), ne cesse de revenir en boucle dans le speech des décideurs du continent comme d’ailleurs ; en un mot, aux grands rendez-vous internationaux. En témoigne le regard incitatif lancé sur la plateforme industrielle par le numéro 1 de la Banque africaine de développement (BAD) dans une récente interview accordée au média « Financial Afrik ». En effet, appelant les Etats africains à engager des initiatives innovantes pour industrialiser le continent, le Président de la BAD, Akinwumi Adesina a indiqué : « Le Bénin offre un bel exemple avec la Glo-Djigbé Industrial Zone (GDIZ) dédiée à la transformation locale de produits agricoles ». Rappelant qu’auparavant, le Bénin exportait son coton et son cajou sans aucune transformation, « aujourd’hui, précise-t-il, le contexte a changé. Tous les produits agricoles passent par une première transformation avant l’export. Nous devons suivre cet exemple car je suis persuadé que l’exportation des produits bruts conduit à la pauvreté. Et l’exportation des produits à haute valeur ajoutée est l’autoroute de la prospérité ».
Il s’agit pour le banquier qui a fait cette déclaration en marge de la 4ème édition de l’Africa Investment Forum (AIF) tenue à Marrakech du 08 au 10 novembre 2023, d’inciter les pays africains à renoncer à l’exportation brute de leurs matières premières. En les faisant transformer surplace, plusieurs opportunités sont offertes en matière d’emplois, de finance et d’infrastructures.
Des défis pour accélérer l’industrialisation à travers le continent
S’il est une chose que l’industrie est l’autoroute vers la prospérité, de nombreux défis, à en croire Akinwumi Adesina, sont à relever pour faciliter ce rêve. Selon lui, l’Afrique génère de nombreuses commodités exportées sans bénéficier d’une valeur ajoutée significative. Actuellement, le continent ne contribue qu’à hauteur de 2,6 % à la valeur ajoutée des produits transformés à l’échelle mondiale. Ce pourcentage diminue à 1 % en ce qui concerne la part de l’Afrique dans les produits transformés destinés à l’exportation. En favorisant la transformation locale de ces produits, on génère des opportunités d’emploi à chaque étape de la chaîne de valeur. Actuellement, les emplois liés à l’industrie en Afrique ne représentent que 6,8% à l’échelle mondiale, tandis qu’en Asie, cette proportion atteint 90%. « Nous devons faire en sorte que tout ce qui est produit soit transformé localement et créer ainsi de la valeur ajoutée tout au long de la chaîne de valeur du textile, du cacao, du café, du cajou, du manioc, etc. », assure-t-il, tout en ajoutant : « Il en est de même des produits d’élevage et de la filière bovine par exemple ». De son analyse, la transformation des produits animaliers dans des zones agro-industrielles dédiées avec une chaîne de froid permettra d’augmenter leur valeur ajoutée et de créer des emplois. « Les zones agro-industrielles spécialisées sont des espaces intégrés nouveaux que nous avons créés pour favoriser la transformation des produits agricoles. Ces ZAP apportent des solutions en termes d’infrastructure, d’énergie et de facilitations nécessaires à la transformation. Ces zones permettront de transformer nos zones rurales en y créant des emplois et de la prospérité », a renchéri le Président de la BAD.
Avec ces multiples reconnaissances, la GDIZ qui compte aujourd’hui plus d’une trentaine d’industries dans divers secteurs notamment le textile, l’industrie pharmaceutique, l’agro-alimentaire, et bien d’autres, progressivement, matérialise son ambition d’être une référence en Afrique et dans le monde. Une raison de plus pour les investisseurs de choisir la destination « Bénin ».