Contrairement au record qu’ils ont atteint en 2021, les Investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique ont connu une baisse de près de la moitié en 2022. Cette régression est fortement notée du côté du géant de l’Afrique de l’ouest, le Nigéria.
S.T.
3,5% des Investissements directs étrangers (IDE) mondiaux. C’est le total des investissements réalisés en Afrique en 2022. Selon la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) qui a donné l’information dans son « Rapport sur l’investissement dans le monde 2023 », contrairement à l’année 2021, les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47% en valeur. En chiffre, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique, d’après l’organisme, ont chuté à 45 milliards de dollars en 2022 par rapport au record de 80 milliards de dollars atteint en 2021. Toutefois, note le rapport, le nombre d’annonces de projets nouveaux a augmenté de 39 % pour atteindre 766. Six des 15 principaux mégaprojets d’investissement greenfield (d’une valeur supérieure à 10 milliards de dollars) annoncés en 2022 se trouvaient en Afrique. En Afrique du Nord, l’Égypte a vu l’IDE plus que doubler pour atteindre 11 milliards de dollars, en raison de l’augmentation des ventes transfrontalières de fusions et d’acquisitions. Le nombre de nouveaux projets annoncés a plus que doublé, passant à 161. La valeur des opérations de financement de projets internationaux a augmenté de deux tiers, pour atteindre 24 milliards de dollars. Les flux vers le Maroc, souligne l’étude, ont légèrement diminué, de 6 %, pour atteindre 2,1 milliards de dollars.
Le Nigéria et le Ghana en perte d’équilibre
D’après le rapport de la Cnuced, en Afrique de l’ouest, le Nigeria a entrainé des flux d’IDE négatifs, à -187 millions de dollars, à la suite de cessions d’actions. Les projets de création annoncés ont toutefois augmenté de 24 % pour atteindre 2 milliards de dollars. Les flux vers le Sénégal sont restés stables à 2,6 milliards de dollars. Les flux d’IDE vers le Ghana ont chuté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars.
En Afrique de l’Est, les flux vers l’Éthiopie ont diminué de 14 % pour atteindre 3,7 milliards de dollars ; le pays est resté le deuxième bénéficiaire d’IDE sur le continent. Les IDE vers l’Ouganda ont augmenté de 39 % pour atteindre 1,5 milliard de dollars, grâce à des investissements dans les industries extractives. L’IDE vers la Tanzanie a augmenté de 8 % pour atteindre 1,1 milliard de dollars. En Afrique centrale, l’IDE en République démocratique du Congo est resté stable à 1,8 milliard de dollars, l’investissement étant soutenu par des flux vers les champs pétroliers offshores et l’exploitation minière.
En Afrique australe, les flux sont revenus à leurs niveaux antérieurs après le pic anormal de 2021 causé par une importante reconfiguration d’entreprises en Afrique du Sud. L’IDE en Afrique du Sud s’est élevé à 9 milliards de dollars – bien en dessous du niveau de 2021, mais deux fois plus que la moyenne de la dernière décennie. Les fusions et acquisitions transfrontalières dans le pays ont atteint 4,8 milliards de dollars, contre 280 millions de dollars en 2021. En Zambie, après deux années de valeurs négatives, l’IDE a augmenté pour atteindre 116 millions de dollars.
Quatre groupements économiques régionaux en croissance
Au cours des cinq dernières années, les flux d’IDE ont augmenté dans quatre des groupements économiques régionaux du continent. L’IDE dans le Marché commun de l’Afrique orientale et australe a augmenté de 14 % pour atteindre 22 milliards de dollars. Les flux ont également augmenté dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (quadruplement, à 10 milliards de dollars), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (doublement, à 5,2 milliards de dollars) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (augmentation de 9 %, à 3,8 milliards de dollars). Les investissements intra régionaux sont restés relativement faibles, malgré une augmentation au cours des cinq dernières années. En 2022, les annonces de nouveaux projets intra régionaux représentaient 15 % de tous les projets en Afrique (2 % en termes de valeur), contre 13 % (2 % en valeur) en 2017.
Cependant, en valeur, souligne le rapport 2023 de la Cnuced, les trois quarts des projets annoncés dans lesquels investissent uniquement des entreprises multinationales africaines concernaient le continent. En 2022, la plus forte augmentation des annonces de projets entièrement nouveaux concerne l’approvisionnement en énergie et en gaz (à 120 milliards de dollars contre 24 milliards de dollars en 2021). La valeur des projets dans la construction et les industries extractives a également augmenté, pour atteindre respectivement 24 milliards de dollars et 21 milliards de dollars. Le secteur de l’information et de la communication a enregistré le plus grand nombre de projets. Les opérations internationales de financement de projets ciblant l’Afrique ont enregistré une baisse de 47 % en valeur (74 milliards de dollars, contre 140 milliards de dollars en 2021), mais une augmentation de 15 % du nombre de projets, qui s’élève à 157. Les investisseurs européens restent, de loin, les plus grands détenteurs de stocks d’IDE en Afrique, menés par le Royaume-Uni (60 milliards de dollars), la France (54 milliards de dollars) et les Pays-Bas (54 milliards de dollars).