Le Bénin a fait l’option de fermer certaines de ses ambassades et consulats dans le monde. En réorganisant la carte diplomatique par suppression de certaines représentations, le gouvernement du président Patrice Talon a fait quelque économie sur les dépenses ordinaires de fonctionnement. Non seulement le rétrécissement de la présence du Bénin dans le monde n’est pas du goût de certains pays hôtes, mais il fait bégayer la diplomatie béninoise qui pourtant se veut dynamique, offensive et bénéfique.
Jean Claude KOUAGOU
Les ambassades du Bénin à Berlin, à Bruxelles et à Genève sont actuellement fermées. Elles font partie de la kyrielle d’ambassades que l’Etat béninois a décidé de rayer de sa carte diplomatique pour réaliser des économies. Mais très tôt cette politique va se résoudre au bégaiement. En effet, le Bénin procèdera à la réouverture de certaines de ses représentations diplomatiques. Ainsi des ambassades du Bénin près le Japon, les Etats-Unis notamment à New-York et à Addis-Abeba en Ethiopie. Ce rétropédalage traduit la reconnaissance tacite de Cotonou pour ses choix impertinents. En Europe, outre la France, la fermeture des ambassades béninoises en Allemagne, en Belgique et en Suisse ne peut se justifier que pour des raisons économiques. En effet, avec plus de 84 millions d’habitants, l’Allemagne est le pays le plus peuplé de l’Union européenne. Elle est une grande puissance politique et ses dirigeants successifs sont parmi les personnalités politiques les plus influentes de l’Union européenne. Alors, mettre une croix sur Berlin, n’est pas la meilleure des options. Il en est de même de Bruxelles, la capitale de la Belgique et siège de la Communauté française et siège de plusieurs institutions de l’Union européenne. Les mêmes considérations s’attribuent à la Suisse souvent présentée comme l’un des plus vieux paradis fiscaux au monde. Car, la Suisse représente plus de 7 % des exportations de l’UE et 6 % de ses importations. A contrario, l’Union Européenne représente environ 42 % des exportations de biens de la Suisse et 60 % de ses importations. Avec de telles considérations, la fermeture des ambassades dans ces pays d’Europe relève d’une politique peu rentable. D’ailleurs, les pays hôtes qui ont subi l’inimitié du Bénin sont en colère. Malgré la réouverture de l’ambassade du Bénin près le Japon, qui porte à 14 le nombre total des ambassades et missions diplomatiques dans le monde, le pays du soleil levant est réticent à financer le projet de construction de l’échangeur de Vêdoko à Cotonou et dont le coût est largement supérieur aux 9 milliards d’économie réalisée sur les dépenses de fonctionnement.
9 milliards d’économie sur les charges de fonctionnement
Le Bénin aurait économisé environ 9 milliards de francs en supprimant des représentations diplomatiques à travers le monde. Dans un communiqué officiel rendu public à l’heure du bilan, sur 39 missions diplomatiques et consulaires dont disposait le Bénin dans le monde, « neuf postes sont fermés », notamment « cinq en Afrique, un au Moyen Orient, deux en Amérique et un en Asie ». Le même document précisait que trois ambassades seront en outre « transformées en consulat général », celles d’Abidjan, de Libreville et de Kinshasa. La même source annonçait « le rappel des chefs de mission diplomatique et consulaire admis à faire valoir leur droit à la retraite et qui sont en poste depuis plus de quatre ans ». Cette mesure visait par ailleurs « la réduction du personnel en poste, la suppression des postes d’attaché de défense et d’adjoint aux attachés de défense à l’exception des postes qui gèrent les opérations de maintien de la paix ». Le nouveau chef de l’Etat béninois, Patrice Talon, avait dans son projet de société promis de faire de la diplomatie de son pays « un véritable instrument de rayonnement et de mobilisation de ressources au service du développement ». En clair, la philosophie qui gouverne les actions diplomatiques du Bénin s’articule autour de la diplomatie économique. Qu’apporte cette philosophie au rayonnement du Bénin aujourd’hui ? La réponse du ministre des affaires étrangères, Aurélien Agbénonci est sans ambages. « Ce que rapporte cette diplomatie économique, c’est ce que nous recevons en scrutant les possibilités qui existent de par le monde. Ce n’est pas seulement le ministère des Affaires étrangères, c’est le ministère du Plan, le ministère des finances mais d’abord et avant tout le président de la République qui, non seulement, examine favorablement les propositions que nous pouvons faire, mais aussi en scrutant lui-même les possibilités qui existent, nous envoie en mission. Cela nous permet de nouer de nouveaux partenariats, de trouver des ressources qui permettent à notre pays d’énormes programmes de constructions en cours dans tous les domaines. »
Des chiffres sur la diplomatie économique
La réorganisation de la carte diplomatique béninoise oblige à analyser les retombées économiques. A ce propos, le ministre Agbénonci pense que les chiffres sont énormes et, pour la première fois de son histoire, le Bénin a été sur le marché financier international des Eurobonds. Très récemment encore, le FMI, compte tenu des performances économiques du Bénin, a décidé de doubler les facilités qu’il apporte pour renforcer l’économie béninoise. « Rien que pour la construction de l’hôpital de référence d’Abomey-Calavi, nous avons pu mobiliser des ressources. Donc, il y a énormément de retombées dans cette démarche. Ce qu’il faut retenir aussi, c’est la crédibilité du président de la République, ce qui permet à l’équipe de mobiliser les ressources », soutient le ministre des affaires étrangères à l’occasion d’une entrevue médiatique. Pour éviter la navigation à vue, des lettres de mission ont été adressées aux ambassadeurs en poste afin qu’ils puissent mobiliser des investisseurs et des financements pour le pays. « On ne peut pas envoyer en mission des ambassadeurs sans leur fixer des objectifs et sans avoir pour eux des critères de performance. Conformément à la vision du président de la République, nous avons très tôt conçu ces lettres de mission qui n’existaient pas dans notre système diplomatique. Ces outils permettent de fixer des cibles et de dire à un ambassadeur dans un pays ce que nous attendons de lui (une ou deux opportunités parfois trois). A la fin, nous rendons compte au président de la manière dont les opportunités identifiées ont été concrétisées (accords, cofinancement, partenariat…), déclare M. Agbénonci. Pour lui, la lettre de mission permet de cadrer l’action et insuffle un certain dynamisme dans la manière de travailler des ambassadeurs. A cela s’ajoutent les matrices de suivi des actions des ambassadeurs accrédités auprès de notre pays. « Nous sommes exigeants vis-à-vis de nos ambassadeurs à l’étranger. Nous sommes aussi exigeants vis-à-vis des ambassadeurs accrédités auprès de notre pays pour que ce qui a été convenu entre les leaders au plus haut niveau ou discuté avec les ministres fassent l’objet d’une action concrète. Je pense que cette décision d’avoir une approche matricielle par laquelle on sait ce qui est attendu de chaque ambassadeur nous a permis de faire des avancées », se réjouit le chef de la diplomatie béninoise.
Justification de la réduction du nombre de postes diplomatiques
Le ministre Agbénonci lève un coin de voile sur cette réforme. Il déclare : « C’est vrai que le réaménagement de la carte diplomatique et son corollaire qu’est la rationalisation de l’effectif du personnel de nos représentations devaient se faire. Cela a été annoncé par étape. Nous devons redéfinir notre manière d’être présent dans le monde. On ne peut pas utiliser des outils du XVIIème ou XVIIIème siècle pour affronter les difficultés du XXIème siècle. C’est pour cela que nous avons décidé de revoir notre carte diplomatique pour la mettre en consonance avec nos moyens, avec la vision stratégique du président de la République et du gouvernement. Mais aussi avec les priorités qui sont les nôtres aujourd’hui. (…) Vous parlez de chiffres tout à l’heure, je peux vous en donner quelques-uns. Lorsque vous regardez le projet ARCH (un programme salué par tous, opposition comme majorité) on se rend compte qu’il nous faut 313 milliards de FCFA pour pouvoir le mettre en place et la phase pilote a commencé. Lorsque vous regardez cette réforme sur la formation technique et professionnelle, à la table ronde, nous nous sommes rendu compte qu’il nous faut un minimum de 300 milliards. Tout cela, ce sont nos ressources d’abord et, ensuite, celles que nous devons mobiliser à l’étranger. C’est tous les secteurs qui subissent une transformation profonde ». Le ministre ne s’arrête pas en si bon chemin dans son argumentaire. « Il y a des modes de représentation sur le plan international aujourd’hui. Il y a des pays plus riches que le Bénin avec qui nous sommes en relation mais qui n’ont pas d’ambassades à Cotonou. Pourquoi est-ce que le Canada a son ambassade à Ouagadougou ? Pourquoi la Suisse a son ambassade à Accra ? C’est bien parce que la modalité de la représentation de la multi-accréditation permet à un Etat de maintenir cette relation avec les pays mais en réduisant les charges administratives. C’est pour cela que nous avons décidé dans un premier temps (2016), nous l’avons refait en 2019 et aujourd’hui le moment est venu d’avoir une carte diplomatique très allégée mais renforcée. Nous aurons des pools régionaux (Paris, Washington…). Nous serons présents sur tous les continents. Ce que nous aurons aussi, c’est des ambassadeurs non-résidents qui, à partir de Cotonou avec les moyens, opéreront. J’ai donné l’exemple de la Suède dont l’ambassadeur est résident dans la capitale Stockholm mais qui agit ici avec efficacité. J’ai donné l’exemple des ambassadeurs thématiques (l’eau, le climat…) que nous n’avons pas encore. C’est une modernisation de l’outil. On ne peut pas baser notre diplomatie sur des dogmes qui sont dépassés, sur des modes de représentation qui ne sont plus efficaces. Je me suis entretenu avec plusieurs de mes homologues notamment celui de Singapour qui m’a montré la manière dont ce pays est arrivé à avoir une machine diplomatique efficace avec moins d’ambassadeurs à l’étranger. Cela coûte cher. En 2017, nous avons rappelé à Cotonou une centaine d’agents mais personne ne l’a ressenti ici parce que nous avons rationalisé les procédures.
Le Bénin dans le monde aujourd’hui et les retombées de la diplomatie économique
Selon le ministre Aurélien Agbénonci, le Bénin serait représenté à l’étranger avec un peu plus d’une dizaine d’ambassades. « Cela nous suffira si nous savons mettre l’intelligence, la détermination mais aussi la bonne volonté pour pouvoir conduire notre action diplomatique. Cela ne veut pas dire que notre diplomatie s’affaiblit. Au contraire ! Elle devient plus tonique. Il y a l’émotion mais aussi la réalité des choses. Premièrement, j’ai cité des pays importants par exemple l’Inde dont nous avons accueilli le président au Bénin l’année dernière. L’ambassadeur de l’Inde est à Abuja mais c’est l’un des ambassadeurs avec lequel je m’entretiens le plus. Les pays avec lesquels nous nous entretenons avant de prendre cette décision comprennent qu’une carte diplomatique évolue. Une carte diplomatique s’adapte à la géopolitique, aux intérêts du moment mais aussi aux besoins à un moment donné », confie M. Agbénonci. « La diplomatie, ce n’est pas de l’affection seulement ; elle doit servir les objectifs du développement. Lorsque vous n’expliquez pas à un pays où vous aviez une ambassade les raisons qui vous poussent à fermer, le pays peut croire que c’est un geste inamical. Lorsque vous dites à ce pays, nous ne rompons pas nos relations mais nous maintenons un ambassadeur qui, à partir de Paris ou de Moscou, va travailler avec vous, ces pays comprennent surtout quand vous leur dites que c’est pour répondre à des besoins aussi essentiels que la santé, l’éducation. Nous sommes à un moment où il faut investir dans certains secteurs. Regardez les infrastructures, aujourd’hui, les Béninois sont contents à Cotonou, Porto-Novo, Lokossa, Boukoumbé de voir de belles et solides routes faites dans les règles de l’art, mais cet argent vient de quelque part. Face à la pandémie du coronavirus, les Béninois ont été très impressionnés de voir que, très tôt, le président de la République a donné des instructions pour que nous puissions faire des commandes. Ce n’est pas gratuit ! Pendant cette période, les fournisseurs ne demandent que des paiements cash », se vante le chef de la diplomatie. Il poursuit : « Nous faisons une diplomatie de nos moyens. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas présents dans le monde. Je comprends l’émotion qui existe dans le milieu des diplomates aujourd’hui. Je sais qu’ils sont capables de comprendre qu’entre avoir une belle ambassade dotée de grands moyens dans un pays développé et faire en sorte que l’hôpital à Cotonou ait les moyens de soigner nos parents ou une cantine scolaire, ou encore l’accès à l’eau potable, ils comprennent bien cela ». Aujourd’hui, fait savoir le Ministre, « notre pays est à jour de toutes ses cotisations. La nouvelle diplomatie du Bénin, c’est aussi une diplomatie de dignité. Il ne faut pas être membre d’une organisation pour qu’à l’heure du vote, vous ne puissiez pas exprimer votre suffrage à cause du non-paiement de cotisation. Nous n’avons de diplomates en poste qui ne reçoivent pas leur salaire pendant deux, trois ou quatre mois. J’ai vu cette situation ». Il explique que le chef de l’Etat a instruit l’administration pour que les virements soient faits directement. « Nous avons des fonctionnaires qui sont payés quasiment au même moment que ceux qui sont à Cotonou parce que les ressources sont déjà mises à la disposition des ministères dès le départ où on ne gère pas par hasard. Les loyers sont payés et nous avons fait un programme de réhabilitation de plusieurs de nos ambassades. L’image du Bénin à l’étranger s’est améliorée. Aujourd’hui, le Bénin fait partie des pays qui sont respectés ».
14 ambassades dans le monde
1- Ambassade du Bénin près Cuba (Havane)
Ambassadeur : Ambassadeur Boniface VIGNON
Calle 20, N°. 119, entre 1ra. y 3ra. Miramar, La Havane, CUBA
+5372042179 / +5372042186ambassade.lahavane@gouv.bj
2- Ambassade du Bénin près la Chine (BEIJING)
Ambassadeur : Monsieur Simon Pierre ADOVELANDE
38, GUANG HUA LU, BEIJING 100600
0086(10)65322302ambassade.beijing@gouv.bj
3- Ambassade du Bénin près la Fédération de Russie (Moscou)
Ambassadeur : Monsieur Akambi André OKOUNLOLA BIAOU
7, USPENSKY PEREULOK
+7 495 699 29 60ambassade.moscou@gouv.bj
4- Ambassade du Bénin près la France
Ambassadeur : Ambassadeur Eusèbe AGBANGLA
87, Avenue Victor Hugo, 75116 Paris (France)
(+33 (0) 1 45 00 98 82) Fax : (+33 (0) 1 45 01 82 02)ambassade.paris@gouv.bj
www.benin-ambassade.fr
5- Ambassade du Bénin près le JAPON
Ambassadeur : Monsieur Makarimi Abissola ADECHOUBOU
S.G. Building 8F, Kasuga 1-11-14, Bunkyo, 112-0003, Tokyo
0081-3-6268-93600081-3-6268-9365ambassade.tokyo@gouv.bj
6- Ambassade du Bénin près le KOWEIT CITY (Koweït)
Ambassadeur : Monsieur Moudjaïdou SOUMANOU ISSOUFOU
P.O.Box 27677 Safat Code No. 13137 State of Kuwait
00965-2524256000965-25242601ambassade.koweitcity@gouv.bj
7- Ambassade du Bénin près le Nigéria (Abuja)
Ambassadeur : Madame Paulette Marcelline ADJOVI épouse YEKPE
Plot 328, Constitution Avenue (Embassy Zone), Central Business District, Abuja
+2349061983632ambassade.abuja@gouv.bj
8- Ambassade du Bénin près le Qatar (Doha)
Ambassadeur : Monsieur Mohamed BARE
Villa N°6 Onaiza, Zone 65 Street 576, P.O. Box 24210 Doha-Qatar
+97444930128+97444115713ambassade.doha@gouv.bj
9- Ambassade du Bénin près le Royaume d’Arabie Saoudite (Riyad)
Ambassadeur : Monsieur Adam BAGOUDOU ZAKARI
Bâtiment sis au quartier du Roi FAHAD, Rue Ayn Ash Shams Ath Thaqafiyyah-, villa n° 21, à côté du Jardin
+966 11 – 22 90 193+966 11 – 22 90 148ambassade.riyad@gouv.bj
10- Ambassade du Bénin près le Royaume du Maroc (Rabbat)
Ambassadeur : Monsieur Serge DAGNON
30, Avenue MEHDI BEN BARKA BP: 5187 — 10105 SOUISSI -RABBAT
(00 – 212)537754158 Fax : (00 212)537754156ambassade.rabat@gouv.bj
11- Ambassade du Bénin près les États-Unis d’Amérique (Washington)
Ambassadeur : Ambassadeur Jean Claude Félix Do REGO
2124 Kalorama Road NW 20008
202/232 6656 Washington, DCambassade.washington@gouv.bj
www.beninembassy.us
12- Consulat Général du Bénin au Nigeria (Lagos)
Ambassadeur : Monsieur Thomas Adjani ADEGNANDJOU
4, Abudu Smith Street off Adeola Odeku Victoria Island Lagos P.O. Box 5705
(+234)9066670306 / (+234)9096151701consulat.lagos@gouv.bj
13- Mission Permanente de la République du Bénin auprès des Nations Unies (New-York)
Ambassadeur : Ambassadeur Marc Hermanne G. ARABA
305 East 47th Street. Unit 9A New York, NY 10017
212 684 1339646 790 3556onu.newyork@gouv.bj
14- Représentation permanente auprès de l’Union Africaine-Ethiopie (Addis Ababa)
Djibouti, Erythrée, Kenya, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Tanzanie
Ambassadeur : Monsieur D. Hervé DJOKPE
Sub city Bole Kebele 06 House N°043 P.O. Box : 200084
+(251) 11 666 31 52ambassade.addisabeba@gouv.bj