À la faveur d’une conférence publique, animée ce jeudi 08 dé-cembre 2022 à Cotonou, le représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) au Bénin a présenté les perspec-tives économiques en Afrique subsaharienne. Une trajectoire peu rassurante se dessine pour l’ensemble de la région.
Baisse de la production dans tous les secteurs. Baisse des trans-ferts de fonds des migrants vers l’Afrique, assortie d’une déprécia-tion des taux de change. Les prix des matières premières sont vo-latils, notamment l’engrais, de l’énergie, le transport. Ce sont-là les causes de la révision à 3,6 % en 2022 de la croissance écono-mique dans la région Afrique subsaharienne. Ce taux est inférieur de 1% aux tendances de 2021 et traduit un ralentissement brusque de la reprise de la croissance. En 2023, les prévisions de l’activité économique en Afrique subsaharienne ne sont pas bonnes non plus. Les prix des produits de grande consommation et de l’énergie devraient continuer à augmenter. La dette publique et l’inflation se situeraient à des niveaux jamais observés depuis des décennies. Dans sa présentation, le représentant résident du FMI au Bénin, Younes Zouhar, relève dans le rapport une ten-dance haussière générale des prix, qui pénalise les populations les plus vulnérables de la région. Il indexe la guerre en Ukraine qui aggrave les effets d’une pandémie de Covid toujours d’actualité. Et, en déduit que les gouvernants sont aux prises avec une conjoncture difficile et incertaine depuis des années.
Dans ce contexte, et devant le peu d’options qui s’offrent à eux, Youness Zouhar, estime que de nombreux pays sont poussés sur la corde raide. Rappelant que la situation des économies de l’Afrique subsaharienne est liée à l’évolution de l’économie mon-diale, ce à quoi s’ajoute, sur le plan intérieur, une situation socio-politique et sécuritaire délicate. Les perspectives à court terme sont donc incertaines.
Défis que présentent ces perspectives
« Dans l’immédiat, les décideurs doivent faire face à des défis im-portants de nature sociale et économique, mais en même temps doivent renforcer la résilience de leurs économies aux chocs fu-turs », souligne le représentant résident du FMI au Bénin. Pour lui, il convient de renforcer les bases d’une croissance forte, sou-tenue et inclusive.
Pour y parvenir, le FMI identifie pour la région des instruments de politiques économiques comme priorités. D’abords, Youness Zou-har affirme qu’il convient de confronter les risques de l’insécurité alimentaire, en protégeant dans l’immédiat les ménages vulné-rables à travers la mise en place de filets sociaux. Lesquelles me-sures, notamment de soutien alimentaire devraient être rempla-cées par des alternatives mieux ciblées, garantissant que les res-sources de plus en plus rares aillent à ceux qui en ont le plus be-soin.
Ensuite, le représentant résident du Fmi au Bénin suggère la con-solidation des finances publiques dans un contexte de resserre-ment des conditions financières. Il fait noter que l’endettement public se rapproche des niveaux élevés observés au début des an-nées 2000. Il conseille alors une mise en œuvre de cadres budgé-taires à moyen terme, crédibles, capables de renforcer la confiance des investisseurs et réduire l’exposition aux changements de per-ception de risque pays.
Puis, Youness Zouhar pense qu’il faut contrer la montée de l’inflation. Il signale que l’augmentation de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt mondiaux, dans un contexte d’équilibre difficile, de consolidation budgétaire et une reprise économique fragile, oblige les autorités monétaires à continuer de resserrer leur poli-tique monétaire politique. Enfin, il soutient qu’en matière de poli-tiques économiques, il faut mettre en place les fondements d’une croissance forte, soutenue et inclusive dans un contexte marqué par l’accélération du changement climatique.
Perspectives de l’économie béninoise
Bien que la région soit sur une corde raide, les perspectives pour le Bénin restent favorables. L’économie étant soutenue par l’agri-culture, un investissement massif dans l’industrialisation et les activités portuaires. Youness Zouhar relève que les instruments de politiques économiques, mis en place au Bénin, sont flexibles face aux répercussions des chocs exogènes. Ce qui, dit-il, renforce la stabilité macroéconomique. Il note que l’amélioration de la mo-bilisation des recettes fiscales et les progrès réalisés en matière de gestion des finances publiques ont permis de dégager des espaces budgétaires pour renforcer les dépenses sociales capables d’accélérer un développement durable. Le représentant résident du Fmi au Bénin a, par ailleurs, précisé que les avancées obte-nues dans les réformes structurelles permettent de renforcer le rôle du secteur privé dans l’économie, mais aussi de poursuivre la transformation structurelle de l’économie béninoise comme en témoigne l’engouement des investisseurs étrangers pour la zone économique spéciale de Glo-Djigbé.
Y. K.