L’onde de choc de la Covid-19 a touché grandement les entreprises, particulièrement celles du privé, en réduisant leurs activités. Cette nouvelle réalité à laquelle toutes les entreprises sont confrontées requiert encore plus de souplesse et de capacité d’adaptation. Ainsi, l’année 2021 a été pour nombre d’entre elles, une période transitoire leur permettant de s’apprêter pour mieux rebondir. Le Conseil des investisseurs Privés au Bénin (CIPB) a eu à mener une panoplie d’action pour faciliter cette relance des activités du secteur privé. Dans cette interview, le président du Conseil, Roland Riboux fait le bilan de l’année 2021 et annonce les perspectives.
La Covid-19 qui sévit depuis deux ans a frappé de plein fouet les entreprises, surtout celles du secteur privé. Quel bilan pouvez-vous faire des dommages causés aux employeurs du Bénin par cette récession économique ?
Il faut distinguer la situation au niveau du Bénin et celle qui est mondiale. Au niveau du Bénin, le chef d’Etat a fait en sorte de minimiser les dégâts en ce sens qu’il n’y a pas eu de confinement comme dans de très nombreux pays. Il y a juste eu, à un moment donné un isolement de la partie sud du pays pour éviter la propagation du virus. Du point de vue local tout s’est bien passé. Malheureusement, sur le plan international, certains pays ont pris des mesures tellement drastiques qu’il y a eu des conséquences sur les approvisionnements, les contrats, les déplacements, etc. Le secteur des transports maritimes a été tellement touché qu’il faut attendre 2023 pour que les activités soient rétablies à leurs niveaux d’avant Covid : La société chinoise qui fabrique des conteneurs s’est arrêtée, la production des bateaux a été stoppée, etc. Tous ces chocs extérieurs ont fait que la croissance a été moins forte que prévu. Néanmoins, les entreprises locales ont fait de leur mieux pour respecter les mesures barrières, réduire le nombre de personnel dans les bureaux grâce au télétravail et ainsi, réduire les dégâts.
Aujourd’hui, cette pandémie fait partie de notre quotidien et les conséquences sont devenues omniprésentes dans nos vies. Le secteur privé comme le public tente de sortir de la crise. Alors comment se déroule la relance au niveau des entreprises privées ?
L’économie poursuit son cours. Les quantités exportées de coton, de cajou… sont raisonnablement les mêmes que les années précédentes. Je ne vois pas cette chute qu’on a pu voir avec certains pays qui se retrouvent jusqu’à moins 8% de croissance.
Quelles sont les actions du CIPB au titre de l’année 2021 pour accompagner le secteur privé ?
Le CIPB a continué ses activités habituelles. C’est-à-dire, faire en sorte que la justice soit toujours aussi efficace, que le dialogue avec la Direction générale des impôts soit aussi bon qu’auparavant. En matière de justice, nous avons tenu en novembre 2021, le troisième séminaire du tribunal de commerce de Cotonou qui a traité cette fois-ci de la résiliation du bail commercial et de l’exécution des garanties qui sont des sujets importants pour l’ensemble des membres, les banques en particulier. Placé sous le thème « la protection du bail commercial à l’épreuve du non-paiement des loyers et de la réalisation des garanties immobilières », ce séminaire avait pour objectif d’améliorer le climat des affaires et promouvoir les investissements au Bénin. C’est un véritable creuset d’échanges constructifs, d’orientation pour une meilleure prise de décisions et de plaidoyer. Du côté de la fiscalité, nous avons eu un dialogue au mois de juillet avec la Direction générale des impôts. Aussi, nous sommes allés à Porto-Novo pour porter notre voix lors de l’examen de la loi de finances 2022. Il y a tout un ensemble de points qu’on a abordés. Principalement la préservation du bon fonctionnement de la commission des impôts. C’est un des grands sujets qui va être débattu en janvier. Nous avons également envoyé un document à l’ARE (Autorité de régulation de l’électricité) pour avoir des tarifs industriels un peu améliorés par rapport à celui actuel à partir du 1er janvier 2022.
Au titre de la collaboration entre le privé et le public, la loi de finance 2022 prévoit également des actions pour booster les efforts des entreprises privées. Pourrait-on espérer une amélioration des affaires pour l’année qui s’annonce ?
Début janvier 2022, nous aurons un séminaire sur la fiscalité avec la Direction générale des impôts. Le fait que la direction ait sollicité que nous organisons ce séminaire, c’est un très bon signe. Ce sera l’occasion pour elle de dérouler toute sa politique y compris les politiques sur le redressement et sur le contrôle. Et pour nous ce sera l’occasion de notifier les points sur lesquels nous souhaitons des améliorations. Il faut arriver à ce que la fiscalité béninoise ait une réputation à l’étranger. Qu’on puisse dire que la fiscalité béninoise, aussi lourde ou pas lourde soit elle, qu’elle est efficace grâce à la numérisation mais aussi qu’on puisse dire que cette fiscalité n’est pas devenue pas du harcèlement.
Quelles sont les perspectives du CIPB pour l’année 2022 ?
Nous avons déjà élaboré un certain nombre de domaines. Nous allons nous intéresser à la fiscalité après le séminaire de janvier. Il y a un sujet qui, à mon avis, va devenir fondamental, il s’agit de rendre les personnels aussi bien des entreprises privées que publiques, plus efficaces, plus à l’écoute des clients ou des administrés. Egalement, il faudra donner plus de tonus au personnel. Beaucoup de gens vont au travail parce qu’ils sont obligés puisqu’ils attendent la fin du mois pour toucher un salaire. Ces derniers ne s’intéressent pas vraiment au travail bien fait. Ce sont des choses qu’il faut corriger. C’est une question de mentalité qui est fondamentale si l’on veut atteindre un niveau donné de développement.
Propos recueillis par Félicienne HOUESSOU