La contraction de la croissance due à la pandémie de Covid-19 en Afrique peut être limitée grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine. C’est ce que révèle le Rapport 2021 de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) sur le « développement économique en Afrique », publié le 08 décembre 2021.
Sylvestre TCHOMAKOU
La Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED) reste convaincue de ce que la Zone de libre-échange continentale africaine est la clé pour passer à une croissance durable et inclusive sur le continent africain, notamment avec des mesures de soutien plus fortes ciblant les femmes, les jeunes commerçants et les petites entreprises. Selon le nouveau rapport de l’institution publié le 08 décembre 2021 sur le « Développement économique en Afrique », les politiques commerciales seules ne suffissent pas pour soutenir une croissance économique inclusive sur le continent. D’après l’étude, d’autres mesures sont nécessaires pour accroître les gains potentiels en termes d’intégration régionale et contribuer à un développement inclusif. Il s’agit de promouvoir la coopération dans la promotion des politiques d’investissement et de concurrence, l’accélération du financement des infrastructures qui facilitent les liens ruraux-urbains et l’égalité d’accès aux opportunités socio-économiques et aux ressources productives. Selon Rebeca Grynspan, Secrétaire Générale de la CNUCED, « la ZLECAf a un immense potentiel pour stimuler la croissance économique et transformer les perspectives de développement du continent si des mesures supplémentaires sont prises pour réaliser et répartir équitablement ses nombreux avantages potentiels, car ces résultats ne viendront pas automatiquement ». Ils sont le produit de choix politiques et de politiques publiques. Ce rapport aidera les gouvernements africains et les partenaires de développement à mieux tirer parti de la ZLECAf pour lutter à la fois contre la pauvreté et les inégalités afin de garantir que les bénéfices attendus du libre-échange soient plus inclusifs ».
Lever les barrières tarifaires trop coûteuses
Selon le rapport, la croissance n’a été inclusive que dans 17 des 49 pays africains pour lesquels des données suffisantes sur les ménages entre 2000 et 2020 sont disponibles. Dans 18 pays africains, la croissance économique a permis de réduire la pauvreté, mais avec une hausse des inégalités. La croissance n’a pas été inclusive dans 14 pays. Ce constat soulève la question clé de savoir comment la croissance économique grâce à l’intégration régionale peut contribuer à la réduction de la pauvreté et favoriser le développement inclusif, un objectif principal de l’Agenda 2063.
Le rapport renseigne, par ailleurs, que la libéralisation du commerce, qu’elle soit bilatérale, régionale ou multilatérale, entraîne certaines pertes de recettes tarifaires et a des effets redistributifs. Cependant, l’intensification du commerce international peut également générer des retombées interrégionales en termes de connaissances. Ceci pourrait accroître l’efficacité, permettre de diffuser la technologie et de redistribuer les richesses. Le commerce intra-africain est actuellement faible à 14,4% du total des exportations africaines. Il est composé à 61 % de produits transformés et semi-transformés, ce qui suggère des avantages potentiels plus élevés d’un commerce régional accru pour une croissance transformatrice et inclusive. D’après l’étude, lorsqu’on considère le commerce transfrontalier informel, l’Afrique enregistre un commerce intra-régional plus élevé, en particulier dans l’agriculture.
Le commerce transfrontalier informel peut représenter jusqu’à 90 % des flux commerciaux officiels dans certains pays et contribuer jusqu’à 40 % du commerce total au sein des communautés économiques régionales telles que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Marché commun de l’Est et de l’Afrique australe (COMESA). Il fonctionne également comme un employeur de dernier recours pour de nombreux groupes vulnérables, ce qui en fait une importante source de revenus pour le segment le plus pauvre de la population et les groupes marginalisés comme les femmes et les jeunes.
Le rapport indique que le potentiel d’exportation encore inexploité du continent s’élève à 21,9 milliards de dollars, soit 43% des exportations intra-africaines. Selon le rapport, un potentiel d’exportation supplémentaire de 9,2 milliards de dollars peut être réalisé grâce à une libéralisation tarifaire partielle dans le cadre de la ZLECAf au cours des cinq prochaines années. Pour libérer ce potentiel, diverses barrières non tarifaires intra-africaines, y compris des mesures non tarifaires coûteuses, des lacunes en matière d’infrastructures et d’informations sur le marché, doivent être levées et comblées. Cela nécessite des efforts conjoints dans le cadre de la mise en place de la ZLECAf.