Face aux effets du changement climatique, l’humanité œuvre désormais contre les différentes énergies fossiles. Il faut passer aux renouvelables. Et pour cela, des solutions novatrices sont développées de part et d’autres. Dans la région de l’Atacora, une filière de produits agroalimentaires est transformée par le séchage solaire.
Félicienne HOUESSOU
Neutralité du carbone à l’horizon 2050, une vision sur laquelle se focalise l’attention de la plupart des dirigeants et organisation de par le monde. Un parterre d’initiative publique comme privé se lance à cet effet, tous les ans. Le double objectif poursuivi est de lutter contre les changements climatiques et permettre également de réduire le coût énergétique des dépenses d’énergie. Les différentes énergies fossiles produisent énormément du dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz nocifs comme le méthane. Pour éviter l’accroissement de l’effet de serre et la destruction de la couche d’ozone, il est possible de changer les habitudes en faisant appel à l’énergie renouvelable moins dangereuse pour l’environnement. De plus, près d’un milliard de personnes n’a toujours pas accès à l’électricité dans le monde. Si ce chiffre est en baisse depuis plusieurs années, il reste particulièrement préoccupant en Afrique. Sur ce continent, le rythme d’électrification reste inférieur à la croissance de la population et le développement des réseaux électriques se cantonne souvent aux zones urbaines ou péri-urbaines. Pour trouver une issue à cette problématique, l’ADEME et l’AFD ont lancé en septembre 2019, l’appel à projets « Solutions innovantes pour l’accès à l’énergie durable hors réseau », pour les entreprises et/ou ONG ayant des partenaires locaux en Afrique. L’objectif est de soutenir financièrement des projets d’accès à l’énergie renouvelable en Afrique : électricité et production de chaleur ou de froid.
Produits agroalimentaires transformés par le séchage solaire
La production d’électricité au Bénin est essentiellement faite à partir des centrales thermiques et représente à peine 20% de la demande totale. D’où la forte dépendance énergétique du pays vis-à-vis de l’extérieur. 90% de l’électricité consommée en 2012 provient du Nigeria, Ghana et Côte d’Ivoire. Bonne nouvelle, l’ADEME et l’AFD ont annoncé le 27 avril 2020 son soutien financier et technique à 10 projets innovants d’Afrique dont un projet béninois. Une initiative qui vise le développement de la région de l’Atacora au Nord Bénin grâce à la création d’une filière de produits agroalimentaires transformés par le séchage solaire. Les séchoirs solaires hybrides solaires thermiques et photovoltaïques de grandes capacités munis d’un système de ventilation sont construits localement par des artisans. Ces équipements permettent le séchage et la commercialisation des fruits et légumes par les producteurs ruraux et notamment les groupements de femmes dont les compétences seront renforcées et structurées. Ce projet est porté par l’association française Bolivia IntiSud Soleil (BISS) en partenariat avec une ONG et une entreprise béninoise. « Nous avons été très impressionnés par la qualité, la diversité et le caractère innovant des projets sélectionnés. J’espère que les financements mis à disposition par l’ADEME et l’AFD permettront à ces projets de passer à l’échelle, car l’accès à l’énergie dans le monde rural est un puissant moteur de développement », à déclarer Jean-Pierre Barral, directeur du département Transitions énergétique et numérique de l’AFD. L’accompagnement proposé dans le cadre de cet appel à projets pourra appuyer le déploiement de la technique à d’autres localités. Ces 10 projets ont été retenus pour un montant global de 3,9 milliards FCFA, auquel contribuent l’ADEME et l’AFD à hauteur de 1,04 milliard FCFA. « Ce deuxième appel à projets confirme la grande capacité à innover des start-up, PME ou ONG dans le secteur de l’accès à l’énergie hors réseaux, avec à la clé un impact économique et social durable en Afrique. Il démontre également l’utilité de ce type d’appui financier pour ce secteur, caractérisé par des projets qui peinent à passer par des guichets plus classiques », a indiqué Philippe Masset, directeur adjoint Europe et international à l’ADEME.
La question du séchoir solaire
Un séchoir solaire peut fonctionner à partir d’un chauffage direct ou indirect. Un procédé qui n’utilise aucune source d’énergie polluante. Il fonctionne uniquement quand il y a du soleil. Donc pratiquement toute l’année lorsque la température extérieure est supérieure à 15 degrés à l’ombre. Une méthode saine, rapide et efficace pour assécher et conserver de nombreux produits alimentaires, à savoir : légumes, viande, poisson, bananes, les tomates, les haricots, les abricots, herbes aromatiques, fleurs, champignons, graines… Approximativement, tous les aliments peuvent être séchés. Toutefois, il y a des méthodes spécifiques en fonction des aliments que l’on souhaite déshydrater. En plus de la conservation, le séchoir solaire est économique et génère une plage de températures idéales pour conserver un maximum de qualité nutritive et gustative. C’est donc un procédé bon pour l’environnement et pour le maintien des valeurs nutritives. Il existe plusieurs types de systèmes de séchoir solaire, direct, indirect et hybrides. Le séchoir solaire direct permet de sécher les aliments en les disposant sous une plaque de verre ou de plastique transparente résistante au soleil dans un châssis. L’effet de serre qui se produit abaisse le taux d’humidité des aliments. Pour éviter qu’il y ait de la condensation, des trous d’aération sont percés dans le châssis. Un séchoir solaire indirect consiste à faire circuler l’air chaud entre les aliments dans un châssis. L’air chaud entre par la partie basse, réchauffe les aliments disposés sur des grilles et s’évacue par la partie haute. Le châssis est surmonté d’une vitre ou plaque de plexiglas inclinée à 45°, afin d’assurer une exposition maximale au soleil, avec une plaque de couleur noire permettant de faire monter l’air vers les aliments. Pour pallier les inconvénients des deux premières méthodes, surtout en cas de pluie ou de temps nuageux, les recherches se sont orientées vers des séchoirs hybrides utilisant une énergie d’appoint: fuel, électricité, bois, gaz, sous-produits végétaux.