La propagation du coronavirus ne laisse pas taciturne l’Afrique. En vue de proposer des mesures communes de lutte efficace contre cette pandémie, les ministres africains des finances se sont réunis à Addis-Abeba le 19 mars 2020 via video-conférence à l’initiative de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
Sylvestre TCHOMAKOU
Les ministres africains des finances demandent à la communauté internationale un financement de 100 milliards de dollars, soit 60 mille 216 milliards F CFA pour relancer l’économie africaine. Réunis le 19 mars 2020 par vidéo-conférence pour discuter des efforts de leurs gouvernements respectifs pour faire face aux impacts sociaux et économiques de COVID-19, ceux-ci ont insisté sur l’urgence de mesures allant de la protection des secteurs privés et financiers des pays d’Afrique. Cette rencontre a été coprésidée par Tito Mboweni, Ministre des finances de l’Afrique du Sud et Ken Ofori-Atta, Ministre des finances du Ghana. Selon le rapport final de cette rencontre relayé par « Financialafrik », il se fait nécessaire une approche coordonnée dans la conception de mesures afin de mieux optimiser les ressources allouées pour lutter contre le virus COVID-19.« Nous savons également que des discussions mondiales sont en cours dans les différentes configurations intergouvernementales telles que le G-20, et cette lettre présente les efforts et les idées des ministres africains des finances à des fins de coordination », lit-on dans le rapport de cette conférence. Reconnaissant que les pays sont affectés différemment et devront intervenir selon un contexte national, les pays ont été invités à partager les demandes pour assurer une riposte coordonnée. Étant donné l’urgence avec laquelle les ressources sont nécessaires, les ministres ont proposé, à l’occasion, que les 100 milliards de dollars soient décaissés suivant des secteurs. Pour le secteur public, les argentiers des pays africains recommandent l’exonération immédiate de tous les paiements d’intérêts sur l’ensemble de la dette estimée à 44 milliards de dollars américains pour 2020 avec une extension possible à moyen terme. Cela fournirait aux pays un espace budgétaire et des liquidités immédiats. Cette proposition devrait inclure les paiements d’intérêts sur la dette publique et les obligations souveraines.Dans le cas du secteur privé, les ministres souhaitent l’exonération immédiate de tous les paiements d’intérêts sur les crédits commerciaux, les obligations de sociétés, les baux et l’activation des lignes de liquidité pour les banques centrales afin de garantir que les pays et les entreprises puissent continuer à acheter des produits essentiels sans affaiblir le secteur bancaire. Aussi, souligne le rapport final, il conviendrait d’élaborer des politiques visant à maintenir les entreprises ouvertes afin de maintenir les emplois. Plus précisément, les ministres conviennent que l’exonération des paiements d’impôts dans les secteurs critiques et l’approvisionnement local par le secteur public dans son intervention à la crise, soutiendraient les PME et les autres entreprises.
Intervention sanitaire immédiate
Reconnaissant la vulnérabilité des populations, en particulier celles qui vivent dans des quartiers informels dans les zones urbaines d’Afrique, les ministres ne sont pas restés sans faire des recommandations dans le secteur sanitaire. Il s’agit de travailler avec l’OMS et les institutions continentales comme le CDC de l’Union africaine pour fournir un financement immédiat pour l’intervention sanitaire. Les ministres suggèrent d’activer immédiatement les ressources du Fonds mondial dans la mesure du possible.
Des autres mesures
Outre ces mesures, les ministres recommandent l’utilisation des systèmes existants pour lancer et augmenter les programmes de filets de sécurité pour les plus vulnérables. Cela pourrait être soutenu par des systèmes TIC solides pour la localisation et le suivi. Pour ce qui est des systèmes de santé faibles et du besoin d’équipement, de capacités techniques et d’informations immédiates, ils soulignent la nécessité d’une intervention coordonnée pour obtenir du matériel logistique et des tests. Quant au manque d’infrastructures médicales, en particulier les hôpitaux, il a été évoqué la nécessité d’évaluer la capacité de l’Afrique à gérer la crise sanitaire, compte tenu des infrastructures sanitaires limitées, en particulier les hôpitaux. Les participants appellent à cet effet la communauté internationale à faciliter les mises à niveau et le soutien direct aux nouvelles installations. Par ailleurs, les ministres ont mentionné la nécessité de soutenir le secteur privé et de protéger les plus de 30 millions d’emplois à risque, en particulier dans les secteurs du tourisme et des compagnies aériennes à travers le continent. Une ligne de liquidité devrait également être mise à la disposition du secteur privé pour garantir la continuité des achats essentiels et, toutes les PME dépendantes du commerce peuvent continuer à fonctionner.