La forte industrialisation d’un pays est l’une des conditions sine qua non pour aspirer au développement d’une nation. Pays en voie de développement et à économie fortement dépendante, le Bénin en a réellement besoin.
Bidossessi WANOU
Le développement industriel du Bénin n’est pas pour bientôt. D’ailleurs, les gouvernants jusqu’au sommet de l’Etat s’en préoccupent très peu. Si ailleurs, priorité est donnée aux industries locales ou à l’investissement dans certaines catégories d’industries de par des exonérations en vue de faciliter l’essor et l’enracinement du tissu industriel, le Bénin tarde toujours à prendre les taureaux par les cornes. Avec l’agriculture comme le secteur primordial d’activité et d’espoir, porté surtout par la filière du coton où, le pays enchaine des records de production en tonnage depuis 2016, avec l’avènement au pouvoir du président Talon du fait des réformes majeurs engagées dans le secteur, jusqu’à s’élever au rang africain de 1er pays producteur à la dernière campagne, jusque là, la production est exportée à l’état brut, sans la moindre transformation. Il en est de même dans le secteur du tourisme où le pays entend tutoyer les grands sur le toit mondial mais ne fait véritablement pas d’effort au vue de la nouvelle loi des finances. Les quelques rares projets qui touchent le public et les opérateurs privés désireux de s’installer ne bénéficient aucune facilité susceptible de les propulser dans leurs élans, du moins en l’absence des dispositions appropriées dans cette nouvelle loi des finances. Et pourtant, le pays compte enrayer l’informel notamment, l’essence de contrebande et les réseaux de faux médicaments. Le constat est que le gouvernement ne prend aucune mesure en amont pour accompagner les opérateurs légaux ou dans le cas échéant subventionner le secteur visé en vue d’essouffler le marché illicite.
Quand la Côte d’Ivoire indique la voie à suivre
Décidée àtransformer 50% de ses matières premières d’ici 2030, la Côte d’Ivoire multiplie les astuces. Entre allègement, mesures incitatives et accompagnement ou appui, la Côte d’Ivoire semble faire la course à la montre. En témoigne l’annexe fiscale de 2020, présentée le 6 janvier 2020 qui a institué un régime fiscal de faveur au profit des personnes physiques ou morales qui se dévouent à la transformation de produits agricoles en produits finis. La nouvelle loi des finances en Côte d’Ivoire a en effet exonéré pendant 05 ans de l’impôt foncier, les immeubles, installations ou bâtiments qui servent de locaux aux entreprises agricoles ou qui sont affectés à leurs activités de transformation de produits agricoles en produits finis. Il en est de même de la patente sur la même période pour les entreprises de transformation. Dans le même sens ces entreprises sont soustraites de toute taxe d’opération bancaire quand il s’agit d’un prêt pour l’installation d’unités de transformation de produits agricoles en produits finis. La même politique est étendue aux secteurs pharmaceutique, cinématographique, aux innovations technologiques qui sont exonérés de la Taxe sur valeur ajoutée (TVA) et de droits de douanes à l’acquisition d’équipement et autres intrants nécessaires à leurs activités. Le sous-secteur du cinéma en Côte d’Ivoire n’est pas oublié par la politique incitative de l’Etat ivoirien en vu de favoriser un mieux-être des industries cinématographiques. Une taxe perçue au taux de 3% hors TVA du coût payé par le client en contrepartie de la mise à disposition de l’œuvre audiovisuelle. La taxe ainsi prélevée servira à créditer entre 40 et 60%, l’Office national du Cinéma et le fonds de Soutien à l’Industrie Cinématographique en vue de contribuer au développement de cette catégorie d’industrie. Si dans le domaine agricole quelque chose est fait au Bénin à savoir, l’abrogation à l’article 10 de la nouvelle loi, des taxes de contrôle et de normalisation des produits, il aurait fallu donner davantage de priorité à l’industrialisation en vue d’impulser de nouvelle opportunité d’emploi et promouvoir ce secteur, qui reste toujours un maillon faible, incapable d’appuyer la politique agricole des gouvernements successifs au Bénin.
L’alibi des ressources en énergie de moins en moins valable
Si l’argument avancé jusque là par le gouvernement a été la non disponibilité de ressource énergétique suffisante, ce chantier a été aussi investi par le même gouvernement qui a réussi présentement à doter le Bénin d’une centrale électrique de 127 Mégawatts, après la réhabilitation de nombreuses autres sources de productions. Résultats, le Bénin produit déjà plus de la moitié de sa demande énergétique aux heures de pointe, une capacité qui devrait évoluer en croissance, avec l’annonce d’autres chantiers qui s’ouvriront bientôt. Capital du Wapp et porteur de nombreux autres projets dans le domaine, le Bénin est en voie de réexporter de l’énergie, si le cap venait à être maintenu, et c’est d’ailleurs le souhait des autorités en charge du secteur en l’occurrence le ministre Dona Jean- Claude Houssou. Le développement du tissu industriel béninois relèverait désormais plus d’une volonté politique que des difficultés énergétiques. Le gouvernement a certes déjà fait un pas de géant en travaillant à mettre progressivement à disposition l’énergie mais les mesures d’allègement et d’accompagnement sont capitales pour motiver les investisseurs.