La 2ème édition des Financial afrik awards s’est tenue le 19 décembre 2019 à Abidjan. Les panels ont été animés par des acteurs majeurs de la finance africaine à l’instar du directeur général de GIM-Uemoa, Blaise Ahouantchédé. Au terme de cet important événement, celui-ci a confié ses impressions à nos lecteurs.
L’économiste du Bénin : Vous venez de participer à un panel dont le thème est Fintech, monétique et inclusion financière. Quelles sont vos impressions après l’animation de ce panel ?
Blaise Ahouantchédé : Effectivement, j’ai participé à ce panel avec beaucoup de plaisir.Mes premières impressions, c’est que je sens de plus en plus une appropriation de la stratégie de développement de l’inclusion financière. J’ai compris aussi au travers de ce panel qu’il y avait des personnes ressources assez compétentes qui ont traité des sujets différents. On avait quelqu’un qui est venu du Rwanda, qui a une bonne stratégie de e-gouvernement, de paiement des impôts et taxes et que j’ai beaucoup apprécié. Il y a la dame qui a modéré, qui a aussi une excellente expérience sur ce sujet…
Ce que je retiens fondamentalement, c’est qu’aujourd’hui, nous avons une opportunité, une opportunité de développement des services financiers et bancaires, de contribuer de manière significative à l’inclusion financière dans la zone en s’appuyant sur la technologie. Il est important aujourd’hui que dans les politiques publiques, on puisse introduire la transformation de l’économie par le digital et ça c’est un message fort que j’envoie aux Etats. Il ne faut pas considérer le digital comme quelque chose de technique mais d’un point de vue stratégique, comment nous pouvons améliorer les performances et ça je pense qu’il y a une opportunité formidable. Et pourquoi je le dis ? Quand vous regardez les masses d’argent qui ne rentrent pas dans le circuit formel et qui sont dans l’informel, comment aujourd’hui, on les ramène dans le formel ?Je pense que l’Etat a un rôle important à jouer et j’ai fait près de 17 ans en tant que Directeur du GIM-Uemoa ; j’ai eu la chance de rencontrer la plupart des autorités et dirigeants et c’est là où j’ai compris qu’aujourd’hui, il y a un travail à faire, on peut transformer nos économies, je suis convaincu qu’on peut s’appuyer sur ces genres d’innovations pour transformer nos économies et c’est ce message que j’envoie tout particulièrement à mon pays, le Bénin.Je crois qu’il y a des choses à faire pour améliorer les performances et les recettes publiques, financières, douanières, etc.
Justement, entre autres, parlant du Bénin, vous avez évoqué sa proximité avec le Nigéria où vous avez insisté sur une barrière à corriger, notamment la langue.Mais par quel mécanisme peut-on corriger ce fait afin que le Bénin puisse pleinement profiter aujourd’hui de ce marché de 200 millions dont vous avez parlé ?
Vous avez parfaitement raison et j’assume mon développement et j’insiste. Vous ne pouvez pas être 10 à 11 millions de populations à côté de deux marchés d’une population de cent millions et ne pas comprendre comment ces gens là fonctionnent et je suis convaincu que le jour où le Bénin va commencer à adopter le bilinguisme déjà au niveau des primaires et des collèges, ça veut dire que les béninois auront une tendance à converser tout naturellement avec les voisins pour faire des affaires, parce que en matière d’affaires, aujourd’hui, la langue du busness est l’anglais. D’ailleurs, cela enrichit et après, il y a des orientations. Je suis donc partisan de ce bilinguisme de sorte à ce que le Bénin puisse tirer suffisamment profit de ce gros marché qui est le Nigéria. Nous sommes des frères, on a pratiquement les mêmes coutumes. Nous devrions travailler avec le Nigéria, nous ne pouvons pas développer nos pays sans travailler avec le Nigéria, et je suis convaincu qu’il y a du potentiel. Le jour où vous enlevez cette barrière linguistique, je suis convaincu que les relations vont changer. On peut parler d’égal à égal avec les gens. Il y a des opportunités, vice-versa, et les Nigérians également doivent se mettre dans le français pour qu’il y ait une dynamique en matière d’échanges. J’encourage vraiment les autorités à travailler sur ce sujet. Ça suppose des réformes et il faut avoir l’audace de les piloter parce que c’est dans l’intérêt des populations et c’est la jeunesse que moi je vise, parce que la jeunesse aujourd’hui est assez friande de la technologie. Vous imaginez, tout se fait avec la technologie, maintenant il faut que le pouvoir public puisse accompagner cette dynamique.
Propos recueillis par Léonard DOSSOU, envoyé spécial à Abidjan