(Urgence d’un cadre juridique et institutionnel actualisé)
« Le transport en commun, est-ce une mine d’or inexploitée ?». C’est sur ce thème que s’est prononcé Sagbo Damien Ahouandokoun, expert en économie du transport face à un groupe d’acteurs et de curieux le samedi 19 février 2020. Selon l’expert, l’état des lieux est très peu reluisant et il y a lieu de prendre des dispositions pour une meilleure organisation de ce sous-secteur du transport.
Bidossessi WANOU
« Aujourd’hui le transport qui est plus adapté à la configuration démographique et urbaniste de Cotonou, n’est rien d’autre que le transport en commun de personnes qui consiste à transporter plusieurs personnes sur un même trajet ». Dans les détails, on distingue le transport en commun privé et le transport en commun public. Selon l’expert, le Bénin n’a jamais pratiqué ce type de transport car, jusqu’à ce jour, il n’y a aucune règlementation en la matière et donc, les défis restent entiers. Il s’agit de migrer du transport artisanal connu jusque-là vers le transport en commun public ou privé, qui offre un minimum de sécurité et de confort aux usagers et populations et en même temps des avantages à l’Etat. Faire ce pas permettra de régler le problème de congestion dans la ville de Cotonou. Il y a donc lieu pour ce faire, que l’Etat prennent toutes ses responsabilités en définissant un nouveau cadre juridique ou en actualisant celui en vigueur pour l’adapter aux défis actuels de déploiement des activités du transport au Bénin qui se trouve de plus en plus dépassé dans un contexte de démographie et d’urbanisation accrues et même d’évolution des modes de transport.
La diversification des modes et l’ouverture au privé
L’expert en économie du transport a suggéré le développement du transport semi-collectif basé sur le Transport à la demande (TAD). Le Bénin a un début d’expérience qui semble marcher notamment avec Bénin Taxi et autres compagnie et il faudra approfondir et améliorer la réflexion pour la généralisation. Il a souhaité que l’Etat développe davantage le réseau routier pour son extension jusqu’au quartier avec les chantiers du projet asphaltage. Il faut également penser à encourager la création de sociétés de transport en commun, et mettre l’accent sur le TAD a suggéré l’expert qui a déploré l’informel, l’inorganisation et le désordre auquel tout cela donne lieu sur les voies publiques, notamment dans les grandes villes comme Cotonou avec la catégorie dite Tokpa-Tokpa. Il a suggéré l’exploration et le développement d’autres modes de transport notamment, le transport fluvio-lagunaire en raison de la vaste étendue de cours d’eau dont dispose le Bénin au Sud au Nord. Pour Damien Ahouandokoun, l’Etat aujourd’hui, n’a plus assez de moyens pour faire face à ce type de transport. C’est pourquoi, il a proposé que la priorité soit donnée aux investisseurs privés. Ce sera non seulement une belle opportunité mais également un boulevard ouvert à la création de nouveaux emplois et un début de formalisation du sous-secteur. Pour lui, il s’agit d’un enjeu capital de développement et d’urbanisation. Ceci permettra également de réduire voire contrecarrer les transports individuels, collectifs non déclarés, informels et autres services privés de transport non enregistrés. Il a souhaité que les reformes institutionnelle et juridique tiennent compte du covoiturage qui ne favorise ni le citoyen, ni l’Etat en raison du caractère informel. Il n’a pas omis de rappeler la nécessité de déconcentrer l’administration hors de Cotonou pour permettre une fluidité en orientant les services vers d’autres zones périphériques. Pour finir, il a suggéré que chaque commune élabore à l’interne, un plan stratégique quant aux problèmes de mobilité sur son territoire.