En attendant le lancement officiel de la campagne de commercialisation des noix de cajou par l’Etat, cette activité bat déjà son plein en ce moment dans la plus part des communes du Bénin. A Tchaourou, grande commune productrice de cette amande parmi tant d’autres, toutes les couches socio-professionnelles de cette partie du pays y tirent déjà grand profit. C’est le constat qui se dégage sur le terrain en ce moment.
Noël Y. TETEGOU (Br. Borgou-Alibori)
De Tchatchou en passant par Tchaourou centre, Bétérou, Thouy, Alafiarou, Papané, etc… Hommes, femmes, enfants, producteurs ou non, personne dans ces communes ne se plaint plus de quoi satisfaire le quotidien. Les ressources financières sont disponibles grâce à la vente des noix de cajou, une source de richesse pour la commune de Tchaourou et qui participe énormément à la croissance du produit intérieur brut (PIB) du Bénin. Depuis quelques semaines donc, en cette période qui durera encore quelques jours voire quelques mois, même les écoliers après la sortie des classes à 17 heures et pendant les week-ends vont aider leurs parents pour le ramassage de ces noix qui sont vendues à des prix variant entre 250 et 350 FCFA le kilogramme, la concurrence entre les acheteurs étant rude. Ils reviennent après cette dure épreuve qui leur prend parfois tout le temps au détriment des cahiers la plupart du temps après 19heures 30 minutes au domicile avec au moins 3 kg en guise de récompense, ce qui leur revient à plus de 1000 FCFA à chacune de leur disponibilité. Ces revenus leur permettent d’assurer un tant soit peu leur pitance quotidienne et pour les plus éveillés de s’acheter, fournitures manquantes, chaussures, vêtements que les parents n’arrivaient pas à leur fournir. C’est également une période de grande aubaine pour les femmes qui n’ont aucune activité génératrice de revenus ou étrangères dans la localité. Ces dernières accompagnent presque toujours leurs amies qui sont les épouses des producteurs ayant de grandes superficies pour le ramassage et y reviennent très satisfaites. Les acheteurs de leur côté, des balances disposée sur leur moto ou dans leurs véhicules et parfois sur la tête, parcourent villages et hameaux à la quête de cet or gris. Dans leur rang, chacun y va de sa stratégie pour avoir plus de marchandises, ne connaissant pas encore le prix planché et craignant de ne pas avoir la quantité voulue au moment du lancement de la campagne. Mais ils souhaitent que cette saison soit prospère jusqu’à la revente car, disent-ils, le prix est abordable à l’achat mais chute au moment de la revente, ce qui leur créée une perte considérable. Ces derniers implorent la clémence du gouvernement pour afin que cette campagne soit fructueuse tout au long du processus tel qu’il a démarré de contrôler les exportateurs de noix de cajou et la sortie frauduleuse du produit du territoire en créant plus d’usines de transformation sur place. D’un autre côté, tenanciers de bars et de boutiques de vente de boisson issue de la distillation du vin de palme (Sodabi) profitent allègrement des sous de cette campagne. Dans les villages parcourus, les promoteurs de machines dites à sous font également de grands profits. Vivement donc que ce cri de cœur ne tombe pas dans les oreilles de sourds et que la filière soit prise au sérieux comme celle de l’or blanc (le coton) pour le bonheur des béninois.