Tradition royale majoritairement concentrée dans les pays d’Afrique de l’ouest, le pagne tissé qui nécessitait des semaines, voire des mois de travail pour sa sortie finale d’atelier de fabrication, connaît une nouvelle mécanisation au pays des « Hommes intègres ». Avec désormais des machines de tissages automatiques ce sous-secteur de l’artisanat Burkinabé connaît une révolution. Une école à laquelle doit s’inviter le Bénin.
Sylvestre TCHOMAKOU

Généralement hérité de la tradition des cours royales africaines, le pagne tissé est caractérisé par la méthode artisanale. Depuis quelques années, le Burkina Faso s’est engagé dans une émouvante renaissance du pagne tissé en marge de laquelle, le Bénin ne saurait rester indifférent. Ce, pour mieux intégrer dans les habitudes vestimentaires nationales le “Kanvô”, pagne tissé national et aussi, pour l’insérer dans la concurrence avec d’autres tenues sur le marché international. En effet, alors que la méthode de production artisanale, celle notamment ancestrale s’est révélée fastidieuse, peu avantageuse et épuisante, en termes d’énergie et de temps, au Burkina, depuis 2016, « le tissage électrique solaire » a été inventé. C’est une machine de tissage automatique qui est mise au point par Kushiator Kwaku Issa, directeur du Bureau de recherche et de transfert de technologie (BRTT). Objectif : contribuer aux côtés des associations féminines à la valorisation du pagne locale, le « Faso Danfani ». Toute nouvelle dans l’univers des pagnes tissés, cette machine de tissage automatique que l’inventeur appelle « le tissage électrique solaire », est conçue, à l’en croire, sur un modèle semi-industriel. Elle est capable, à elle toute seule, de tisser par jour, une trentaine de pagnes, en moyenne. Ce qui la met en avance sur la méthode courante, traditionnelle de fabrication dont la production finale est obtenue après plusieurs jours pénibles de travail. Quoiqu’elle est à parfaire, cette invention se révèle être une chance non seulement pour le Burkina Faso, mais aussi pour les pays africains dont le Bénin qui partage en commun cet héritage royal de plus en plus présent dans les collections des créateurs de mode.

Une opportunité de valoriser le “Kanvo” du Bénin
Kushiator Kwaku Issa, l’inventeur de la « machine à tisser automatisée » ne s’est peut-être pas vu dans une dimension mondiale, parce que voulant résoudre un problème au niveau des artisans qui lui sont proches. Ce sous-secteur n’étant pas aussi industrialisé au Bénin, point de doute qu’il s’agit d’une opportunité à saisir par les autorités béninoises, aux fins de renforcer la capacité de production des fabricants du pagne tissé « made in Benin ». En effet, dans un contexte de marché commun africain ( ZLECAf) en cours de création, le Bénin devait pouvoir aller à l’école du Burkina, du moins, de cet inventeur Burkinabé qui n’a pourtant pas fait les grandes écoles d’industrie, mais a su trouver la solution qu’il manquait à cet héritage traditionnel africain qui est devenu un bien précieux, aux yeux des créateurs de mode. A défaut d’avoir pu faire de telles inventions, le Bénin gagnerait à acquérir cette expertise mécanique en s’inscrivant dans la dynamique du transfert de compétences. Les avantages sont, à n’en point douter énormes. Si ce modèle semi-industriel de tissage arrivait à être implémenté au Bénin, avec des efforts permanents de le parfaire, ce sera un coup réussi pour l’accroissement de la production. Ce qui devra permettre la baisse du coût d’achat du pagne tissé au niveau national puisque le coton, n’est plus un problème. En conséquence, plus de citoyens l’adopteront dans leur style vestimentaire. Inutile de rappeler que la disponibilité en grande quantité de ce tissu au plan national renforcera sa disponibilité sur le marché africain puis mondial. Rien que des opportunités de devises pour l’économie béninoise. Au vue de tous ces avantages que tirerait le Bénin, aller à l’école du Burkina Faso s’impose pour faire du « Kanvô », l’un des meilleurs ambassadeurs du « Made in Africa ».